5.2. Connaissances
Les origines du racisme
Le dessous des cartes, 2012: vidéo pour comprendre l'origine du racisme
5.2.1. Les trajectoires
scolaires des élèves immigrés ou descendants de l’immigration
En France, les inégalités
socio-économiques sont les plus prépondérantes dans la trajectoire scolaire des
élèves. Pour autant il existe également des inégalités dans la scolarité liées
à l’origine migratoire :
- Les études PISA soulignent que
le fonctionnement du système scolaire français est moins susceptible de faire
réussir les élèves immigrés que la moyenne des autres systèmes scolaires
évalués : « En moyenne, dans les pays de l’OCDE, les élèves de
15 ans immigrés de la première génération accusent des scores en sciences
inférieurs de 53 points à ceux des élèves non immigrés (contre un écart de 87
points en France). Les élèves immigrés de la deuxième génération obtiennent
toutefois de meilleures performances et accusent des scores inférieurs de 31
points aux élèves non immigrés, en moyenne, dans les pays de l’OCDE (contre un
écart de 50 points en France) » (note par pays : France (2015) – https://www.oecd.org/pisa
- L’étude Trajectoires et Origines a mis en valeur qu’il
existe une différence de réussite scolaire entre les élèves d’origine immigrés
de classes populaires en fonction du genre. Les élèves garçons sont plus
souvent orientés vers des filières professionnelles : « Les données recueillies dans l’enquête « Trajectoires
et Origines » apportent des précisions supplémentaires, en enrichissant
les catégories d’origine prises en compte : le biais ethno-genré au
désavantage des garçons d’origine maghrébine est confirmé et il se retrouve
chez les garçons d’origine subsaharienne ; alors que le biais ethno-genré
à l’avantage des filles d’origine maghrébine est confirmé seulement chez les
filles issues des flux migratoires marocains, tunisiens, ainsi que pour le flux
subsaharien. Il ne se manifeste pas pour les filles d’origine
algérienne, dont les parcours sont certes meilleurs que ceux de leurs pairs
garçons, mais d’une façon pas plus marquée que pour la moyenne des filles par
rapport aux garçons » (Lorcerie Françoise, « École et ethnicité en
France : pour une approche systémique contextualisée », Sociologies
[Online], Files, Migrations, pluralisation, ethnicisation des sociétés
contemporaines, Online since 18 October 2011. URL : http://journals.openedition.org/). Ce double biais ethno-genré se retrouve également dans
la scolarité des élèves d’ascendance portugaise. Cette différence de
trajectoire se traduit par une surorientation des élèves garçons de classe
populaire, issus de ces groupes migratoires, dans les filières
professionnelles.
Pour aller plus loin
- Trajectoires et origines –
Premiers résultats (2010).
- Felouzis Georges, Liot Françoise et Perroton Joël, L’apartheid scolaire – enquête sur la ségrégation ethnique dans les collèges, Paris, Seuil, 2005.
5.2.2. Les microdiscriminations ethno-raciales à l’école et dans l’enseignement supérieur
Il est possible de noter que
plusieurs travaux mettent en lumière que certains élèves éprouvent un sentiment
de discrimination du fait de leur origine ethno-raciale aussi bien dans le
système scolaire que dans le supérieur.
Voir
- Brinbaum Yaël et Guégnard Christine,
« Le sentiment de discrimination des descendants d’immigrés : reflet
d’une orientation contrariée et d’un chômage persistant », Agora débats/jeunesses, 2012/2 (N° 61),
p. 7-20.
- OVE, « À la tête de l’étudiant »,
n° 35, 2017.
Le sentiment de discrimination peut être alimenté par le fait que les
punitions ou les mauvaises notes des élèves peuvent ou vont être interprétées
comme relevant d’une discrimination ethno-raciale.
Voir
- Stéphane Bonnéry, « La question de “l’ethnicité” dans l’école :
essai de reconstruction du problème », Sociétés et jeunesses en
difficulté [Online], n° 1 | Printemps 2006.
- Magar Braeuner Joëlle (2017). « Enquête
sur la microphysique du pouvoir à l’école : actualisation, imbrication des
rapports de domination et modalités d’une pédagogie émancipatrice »,
Thèse, Montréal, Québec, université du Québec à Montréal, doctorat en
sociologie, p. 154 et s.
Ces microdiscriminations peuvent
tout d’abord être liées à une représentation négative du bilinguisme ou du
plurilinguisme dans la réussite scolaire des élèves : cependant rien
ne prouve que le fait de parler une autre que langue que le Français
dans le cadre familial serait un facteur de difficultés scolaires.
Voir
- Kohl Magali, Beauquier-Maccotta Bérengère,
Bourgeois Marie et al.,
« Bilinguisme et troubles du langage chez l’enfant : étude
rétrospective », La Psychiatrie de l’enfant,
2008/2 (Vol. 51), p. 577-595.
Voir
- Marion Dutrévis, « Les
inégalités sociales et ethniques à l’école : le rôle des stéréotypes »,
Cnesco, 2016.
- Chryssochoou
Xénia, Picard Maud et Pronine Maroussia, « Explications
de l’échec scolaire ; les théories implicites des enseignants selon l’origine
sociale et culturelle de l’élève », Psychologie
et éducation, n° 32, 1998.
- De Amorim Alves Sylvie,
« Jeunes d’origine portugaise et maghrébine. Étude comparée des positions
scolaires et des mobilisations identitaires », Migrations Société, 2010/3 (n° 129-130), p. 13-30.
La discrimination peut être liée
au fait que le vêtement d’un ou d’une élève va être perçu comme un vêtement
ayant possiblement une signification religieuse portant atteinte à la
laïcité. La loi de 2004 dispose que : « Les signes et tenues qui sont
interdits sont ceux dont le port conduit à se faire immédiatement reconnaître
par son appartenance religieuse. […] La loi ne remet pas en cause le droit des
élèves de porter des signes religieux discrets. Elle n’interdit pas les
accessoires et les tenues qui sont portés communément par des élèves en dehors
de toute signification religieuse » (circulaire N° 2004-084 Du 18-5-2004
JO du 22-5-2004 URL :
http://www.education.gouv.fr/).
Voir
- « Nouvelle polémique sur une
jupe longue au lycée », Le Monde,
2015. URL :
Pour aller plus loin
- Dhume
Fabrice, Dukic Suzanna, Chauvel Séverine et Perrot Philippe, Orientation scolaire et discrimination. De
l’(in)égalité de traitement selon l’« origine », Paris, La
Documentation française, 2011.