1.3.3. Quelques invariants des pratiques antidiscrimination : inclusivité, diversité, équité
Avant d’étudier plus spécifiquement chaque type de
discriminations auquel peut être confronté un enseignant, il est nécessaire de
repérer des pistes d’action générales qui peuvent s’appliquer à la lutte contre
toutes les formes de microdiscriminations dans l’enseignement :
a. Adopter une posture d’allier : un allié est
une personne qui n’est pas directement concernée par une discrimination, mais
qui souhaite s’engager dans la lutte contre cette discrimination.
b. Se former : lutter contre les
discriminations, suppose de se former sur les sujets relatifs aux
discriminations et d’actualiser régulièrement ces connaissances à ce sujet.
c. Écouter la parole des personnes directement concernées
par les discriminations : lorsque l’on ne vit pas personnellement une
discrimination, il arrive souvent que l’on n’ait pas conscience des formes qu’elles
peuvent prendre. De ce fait, il est important de solliciter les personnes qui
peuvent être concernées directement par une discrimination pour qu’elles nous
donnent un avis sur ce qui peut être amélioré dans notre pratique.
d. Rendre les espaces d’étude et de travail plus
inclusifs : faire en sorte que les affichages ne véhiculent pas des
stéréotypes négatifs et visibilisent la diversité de la société, faire en sorte
qu’il n’y ait pas de microviolences, une répartition inégalitaire dans les
espaces ou des espaces qui apparaissent comme peu accueillant pour des
personnes appartenant à des groupes socialement discriminés…
e. Intervenir : ne pas laisser passer un
comportement discriminatoire ou violent sans intervenir. Prendre les mesures
adéquates en fonction du degré de gravité du comportement.
f. Avoir un discours inclusif : faire attention
à ce que son discours ne stigmatise pas certains groupes, faire en sorte qu’il
visibilise le plus possible la diversité de la société française…
g. Utiliser des supports pédagogiques inclusifs : faire
en sorte que les supports pédagogiques utilisés ne véhiculent pas des stéréotypes
négatifs ou ne renforcent pas des préjugés, qu’ils visibilisent la diversité de
la société française. Les supports pédagogiques inclusifs évitent de véhiculer
un curriculum caché discriminatoire.
h. Avoir un discours « explicite » : le
système scolaire repose sur des codes et des attendus implicites que certains
apprenants peuvent avoir plus de mal à identifier que d’autres. Afin de
garantir une plus grande égalité, il est nécessaire d’éviter les présupposés
implicites.
i. Le principe c’est l’égalité : le principe c’est
l’égalité, la différentiation ne doit intervenir que si elle vise à rétablir de
l’égalité et à lutter contre les discriminations.
j. Introduire des contenus sur les discriminations et les
inégalités dans ses cours : sensibiliser les apprenants et leur
fournir les moyens de reconnaître les discriminations et de lutter contre.
k. Garder une réflexion critique sur ses pratiques
pédagogiques : s’interroger et essayer d’objectiver les
discriminations et les inégalités sociales que peuvent produire nos pratiques
pédagogiques pour essayer constamment de les améliorer.
Pour aller plus loin
- Dayer Caroline, Le Pouvoir
de l’injure – Guide de prévention des violences et des discriminations,
Paris, L’Aube, 2017.
- FESFO, Trousse pour créer un espace jeunesse sain et
égalitaire (2014)
- Un exemple de prise en compte de la question des
discriminations à l’université
Université Paris-Sud, « Une sensibilisation aux
questions de discrimination » (2016).
1.4.4. Avoir une approche intersectionnelle
Avoir une approche intersectionnelle consiste à ne pas
se focaliser sur une discrimination en oubliant les autres discriminations,
mais à analyser les répercussions des discriminations multiples. En effet, les
situations de discriminations multiples peuvent avoir des effets qui sont
différents de ceux provoqués par chaque type de discrimination pris isolément.
En outre, il arrive que l’on se focalise sur un type de discrimination et que l’on
prenne des mesures qui accentuent les risques de discriminations pour d’autres
groupes socialement discriminés. Par exemple, on réfléchit à la lutte contre
les discriminations sexistes, mais on oublie de prendre en compte la lutte
contre les discriminations socio-économiques ou encore raciales.
Pour aller plus loin
Les « espaces sécuritaires » à l’université du Québec
à Montréal. Un article sur Montréal Campus de mars 2017 présente les « espaces sécuritaires » ou safe space de l’université du Québec à
Montréal. Les « espaces sécuritaires » permettent à des personnes
vivant une discrimination de se réunir pour partager leur expérience à ce
sujet. L’article précise :
« Pour Maria, membre des collectifs Uqamiennes racisées en action, et la
Collective – Féminismes et droit UQAM, les espaces (plus) sécuritaires offrent un
soutien bénéfique. “C’est
important d’avoir des espaces où je sais que mes expériences vont être validées
et qu’on va m’écouter”,
témoigne-t-elle. L’étudiante juge essentiel de pouvoir échanger avec des
personnes qui vivent les mêmes réalités afin de contrer le sentiment d’isolement. »
Elle précise également « sans employer la même terminologie, il existe des
espaces sécuritaires institutionnalisés. Maria cite notamment les maisons d’hébergement
pour femmes victimes de violence conjugale ».« Une enseignante du département de sciences politiques, Geneviève Pagé ajoute que l’université n’a pas la prétention d’être un safe space, mais cela n’empêche pas qu’il y en ait à l’intérieur des établissements. Ils doivent cependant rester délimités dans le temps et dans l’espace. »
La leçon de discrimination (40 min) – vidéo présentant une expérience menée au Canada pour sensibiliser les enfants aux mécanismes de la discrimination.